Tout en slalomant entre les camions sur cet autoroute que j’emprunte quotidiennement et en regardant amusée les lourds nuages qui s’amoncellent je cherche une station de radio qui me raconte quelque chose.
Pas envie de chanter avec Nostalgie, Chérie FM ou RFM que parfois j’affectionne. J’ai envie de me taire puisque à l’exception du week-end, je parle au moins 6 h par jour non-stop. J’ai même dérogé vendredi en restant à la pause-déjeuner avec mes stagiaires…ça ne m’était pas arrivé au moins depuis 2005 !
Ruquier et sa bande ne m’accrochent pas. Qu’à cela ne tienne je parcours la bande FM. J’y arrive presque au début d’une séquence qui propose d’écouter un femme pilote ou commandant de bord nous narrer une émotion qui soit audible sur les ondes à cette heure.
La dame prend la parole pour nous faire partager son/ses émotion(s) à la vue de la voûte céleste notamment lors des vols de nuit quand tout va bien et que, faisant l’obscurité dans la cabine de pilotage elle se confronte à l’immensité de l’univers, elle mais aussi notre planète.

J’écoute, j’écoute, je tends l’oreille, je lui prête toute mon attention à en oublier que je suis moi-même dans un moyen de transport.
Déception ! Rien, mais absolument rien de ce qu’elle nomme émotion ne me touche. Je ne trouve pas ce qu’elle nomme ainsi !
Bien sûr l’émotion ressentie par les uns peut ne pas en émouvoir d’autres, mais à ce point !
Soit quelque chose me fait défaut, soit nos trajectoires de vie, nos seuils face à l’émerveillement sont opposés, soit rien ne me dispose à percevoir ce qu’elle ressent.
Tout cela me fait penser aux seuils de la douleur, de la colère et à d’autres sentiments… Mais je n’ai pas encore envie d’y mettre des mots.